Perles de Poèmes

Dans cette collection je souhaite partager des poèmes, des textes,…

Dans cette collection je souhaite partager des poèmes, des textes, des bribes de discours, qui résonnent au plus profond de moi. Il sera ici question de liberté, d’amour, de vie, d’humanité. Je me ferais l’écho de poètes et penseurs divers en gravant leur mots au sein de ma pratique artistique. Ce sont des méditations poétiques que je prends beaucoup de plaisir à créer.

Le premier poème de cette collection est “Ô moi, ô vie” de Walt Whitman. C’est un texte qui me suit depuis mon adolescence et dont je porte une copie, sur moi, où que j’aille, et dont voici le texte intégral :

“Ô moi! ô vie! / Les questions sur ces sujets / qui me hantent / Les cortèges sans fin d’incroyants / Les villes peuplées de sots / Moi même qui constamment / Me fais des reproches / Car qui est plus sot que moi? / Et plus incroyant? / Les yeux qui vainement / réclament la lumière / Les buts méprisables / La lutte sans cesse recommencée / Les pitoyables résultats de tout cela / Les foules harassées et sordides / que je vois autour de moi / Les années vides et inutiles / De la vie des autres / Des autres à qui je suis indissolublement lié / La question ô moi, si triste et qui me hante / Qu’y a t’il de bon dans tout cela? Ô moi, ô vie! / Réponse : Que tu es ici / Que la vie existe / et l’identité que le puissant spectacle se poursuit / Et que peut être tu y contribueras un poème.”

Le deuxième poème est un texte d’Arthur Rimbaud :

“Elle est retrouvée. Quoi? L’éternité. / C’est la mer allée / Avec le soleil. / Âme sentinelle / Murmurons l’aveu / De la nuit si n/ulle / Et du jour en feu. / Des humains suffrages / Des communs élans / Là, tu te dégages / Et vole selon. / Puisque de vous seules / Braises de satin / Le devoir d’exhale / Sans qu’on dise : enfin. / Là, pas d’espérance / Nul orietur. / Science avec patience / Le supplice est sûr. / Elle est retrouvée. / Quoi? L’éternité / C’est la mer allée / Avec le soleil.”

Collier Arthur Rimbaud poème céramique.katiacurbeiraceramics.

Pour cette troisième oeuvre, je suis complètement tombée sous le charme de l’écrivaine Maya Angelou. Sa force, son aplomb, son écriture sans concessions, son courage, sa liberté chérie, ses ressources infinies, en font un mythe éternel. C’est ainsi tout naturellement que je lui rends hommage dans ces nouvelles perles de poème, avec le magnifique texte « Femme phénoménale », extrait du recueil « Et pourtant je m’élève »:

“Les jolies dames se demandent où se cache mon secret. Je ne suis pas mignonne, je n’ai pas la taille mannequin, mais quand je leur explique, elles pensent que je mens, je dis c’est dans l’ampleur de mes bras, la taille de mes flancs, l’allant de mes pas, la moue de mes lèvres. Je suis une femme phénoménalement. Femme phénoménale, c’est ce que je suis.
J’entre dans une pièce, décontractée à souhait. Et pour un homme, ils se lèvent tous ou tombent à genoux. Puis ils pullulent autour de moi, essaim d’abeilles butineuses. Je dis, c’est le feu de mes yeux, et l’éclat de mes dents, le swing de mes hanches, et la joie dans mes pieds. Je suis une femme phénoménalement. Femme phénoménale c’est ce que jej suis.
Les hommes eux même se sont demandés ce qu’ils voient en moi. Mais ils ont beau essayer il ne peuvent pas toucher mon mystère intérieur. Quand je tente de leur montrer, ils ne voient toujours pas. Je dis, c’est dans l’arc de mes reins, l’astre de mon sourire, la prestance de mes seins, la grâce de mon style. Je suis une femme phénoménalement. Femme phénoménale, c’est ce que je suis.
Maintenant vous comprenez bien pourquoi je ne courbe pas la tête. Je ne crie pas, je ne saute pas partout et je n’ai pas besoin de parler vraiment fort. Quand vous me voyez passer ça devrait vous emplir de fierté. Je dis, c’est dans le claquement de mes talons, le galbe de ma chevelure, la paume de ma main, le besoin de mes bontés. Car je suis une femme phénoménalement. Femme phénoménale, c’est ce que je suis. » 

perles de poèmes maya Angelou.katiacurbeira.ceramics

Ce sont les mots doux de la poétesse Argentine, Alfonsina Storni, qui dans cette ode au sentiment amoureux, intitulée “Deux mots”, viennent inspirer le quatrième collier de Perles de Poèmes, avec légèreté et sensualité. C’est cependant une vie de battante, de solitaire farouche, de pionnière du féminisme argentin, aux côtés de Gabriela Mistral, qui ponctuera la vie de cette âme extraordinaire.

“Cette nuit tu m’as dit à l’oreille deux mots ordinaires. Deux mots fatigués d’être dits. / Des mots qui, à force d’être anciens, deviennent nouveaux. / Deux mots si doux, que la lune se dessinant entre les branches s’est arrêtée dans ma bouche. / Deux mots si doux que je n’essaye même pas de bouger pour enlever la fourmi qui passe dans mon cou. / Des mots si doux que je dis dans le vouloir – oh, que la vie est belle! / Si doux et si tendres qu’ils répandent des huiles parfumées sur mon corps. / Si doux et si beaux que les doigts les plus longs de ma main droite, bougent vers le ciel, imitant des ciseaux. / Mes deux doigts aimeraient couper des étoiles.”